jeudi 24 juin 2010

Une députée veut bannir des perturbateurs hormonaux des hôpitaux

Le bisphénol est loin d'être le seul perturbateur hormonal présent dans notre environnement. Les phtalates, des assouplissants du plastique, entrent dans la composition d'un nombre insoupçonné d'objets, des emballages aux produits cosmétiques en passant par les matériels électriques et les rideaux de douche. Dans les hôpitaux, la liste s'allonge encore : tubes, poches de perfusion, gants, sondes... "En tout, 90 % du dispositif médical contient des phtalates", estime Olivier Toma, président du Comité pour le développement durable en santé.

Après la directive européenne interdisant six phtalates dans les jouets et articles de puériculture, Valérie Boyer, députée UMP des Bouches-du-Rhône, vient de déposer une proposition de loi visant à interdire l'utilisation de ces phtalates dans les dispositifs médicaux à destination des populations les plus sensibles - femmes enceintes, nouveau-nés et jeunes enfants. Mais aussi dans les sols des unités de soins intensifs, de maternités et de pédiatries. Sans pénaliser le budget des hôpitaux : "Des industriels européens produisent les mêmes articles, au même prix, et sans phtalates...", a-t-elle souligné, mercredi 23 juin, lors d'une conférence de presse.
Depuis près de vingt ans, la nocivité des phtalates inquiète la communauté scientifique. A l'origine de troubles de la fertilité et de malformation de l'appareil reproductif masculin, ils seraient également corrélés à l'apparition de cancers du sein, de troubles comportementaux, d'effets allergènes et de puberté féminine précoce. "Autant de conséquences durables sur la santé, qui ont un coût humain et psychologique, mais aussi économique", explique Valérie Boyer. Or, face à ces produits toxiques, "les professionnels de santé se retrouvent démunis, déplore Olivier Toma. Ils ne peuvent repérer la présence de phtalates dans les articles qu'ils achètent pour l'hôpital. Et faute de formation, ils ne sont pas en mesure d'informer les patients."
Valérie Boyer espère que cette réglementation aura valeur d'exemplarité afin de sensibiliser tous les usagers des phtalates, mais aussi les industriels, qui n'indiquent jamais ce composant sur leur étiquetage.
Au-delà des phtalates, c'est le problème plus général des perturbateurs endocriniens qui est en jeu, selon le toxicologue André Cicolella. Ils sont omniprésents dans l'environnement et chez les humains - 98 % des Danois sont par exemple imprégnés de composés perfluorés, qui réduisent sensiblement la fertilité masculine. Et selon René Harbert, directeur de laboratoire à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, "en région parisienne, les hommes produisent deux fois moins de spermatozoïdes que leurs grands-parents".

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