Etrange cadeau d'anniversaire, pour le président Kabila, que la visite du roi Albert II dans l'ex-Congo belge.
Voyage délicat, tant il ravive de douloureux souvenirs, braquant en outre les regards sur un colosse aux pieds d'argile doté d'un pactole minéral phénoménal, mais où la misère et les carences d'un Etat anémique, rançon du règne calamiteux du défunt maréchal Mobutu, plombent le quotidien.
"Longtemps, souligne l'historien Anicet Mobé, la monarchie a entretenu la fiction de la colonie modèle, assimilée à une oeuvre philanthropique. Mais, dès les années 1950, le processus échappe à la couronne, qui ne perçoit pas l'éveil d'une conscience politique nationale." Exigence incarnée par Patrice Lumumba, premier chef de gouvernement du Congo indépendant, assassiné dès janvier 1961. "Ce gêneur a alors été présenté, à tort, comme un suppôt de l'URSS, poursuit Mobé. Il était tentant pour l'Occident de brandir l'épouvantail communiste, alors qu'en termes d'influence sur le continent le danger pour la Belgique venait davantage de Paris ou de Londres que de Moscou."
Reste que le Cinquantenaire paraît plus inconfortable encore pour le président Joseph Kabila que pour son royal hôte. "On voit prospérer une économie criminalisée, avance Anicet Mobé. Voyez les contrats miniers conclus en catimini avec des partenaires chinois, sans aucun contrôle du Parlement ou de la société civile." Il y a plus tragique: l'assassinat, le 1er juin, de Floribert Chebeya, militant des droits de l'homme, éclabousse l'appareil policier d'un régime qui aura bien du mal à reléguer ce crime dans la rubrique des faits divers.
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