La gestion de l'épidémie par le gouvernement a été vivement critiquée au débat organisé, hier, par deux parlementaires. En arrière-plan, une question : comment restaurer la confiance ?
Quatre vingt quatorze millions de doses de vaccins commandées, seulement 5,7 millions utilisées... La gestion de la grippe A ressemble fort à un échec de la politique de santé publique. Il va laisser des traces dans l'opinion. C'est ce qui ressort du débat organisé, à l'Assemblée nationale, par le député UMP Jean-Pierre Door et la sénatrice Marie-Christine Blandin (Les Verts).
« On a utilisé un marteau-pilon pour taper sur une mouche ! », lance François Heisbourg, conseiller de la fondation pour la recherche stratégique. L'analyste dégomme les choix du gouvernement et de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), et justifie les doutes de la population. La définition de la pandémie « ne prenait pas en compte la notion de gravité ». L'OMS s'est montrée « opaque dans son fonctionnement ». Elle a laissé planer le doute « sur l'indépendance de ses experts ».
« Solidarité des experts »
En France, les médecins généralistes, « en qui les citoyens ont confiance, n'ont pas été associés à la gestion de cette crise ou seulement à la fin, après la bataille... » La ministre de la Santé s'est appuyée sur un plan « qui avait été élaboré pour la grippe H5N1 » et elle n'a pas su en sortir...
Que fallait-il faire ? « Exactement l'inverse, martèle Marc Gentilini, membre de l'Académie de médecine. Très tôt, il s'était élevé contre le plan du gouvernement. « La tragédie annoncée s'est transformée en bouffonnerie. »
Pourquoi les citoyens n'ont-ils pas cru à la pandémie ? « Parce que l'information n'était pas crédible. On a bâti un scénario catastrophe alors que, dès juillet, on avait des éléments permettant de revoir à la baisse la gravité de cette grippe. On a assisté à une solidarité des experts, qui a abouti à de la pensée unique. »
De son côté, Gérard Raymond, président de l'Association française des diabétiques, regrette que les professionnels de santé, les associations de malades et le grand public n'aient pas été associés à un débat élargi.
Et après ? « J'attends que les experts, le Haut conseil de la santé publique disent : Nous nous sommes trompés », lance la députée européenne Michèle Rivasi (Europe Écologie). « Tout n'a pas été parfait, répond Françoise Weber, directrice de l'Institut national de veille sanitaire. Mais nous n'avons pas failli à notre mission. »
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